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Nombre de messages : 1352 Age : 39 Localisation : Saint Malo - GEO Date d'inscription : 22/08/2010
| Sujet: La littérature visionnaire ou echo du présent Lun 6 Avr 2020 - 13:38 | |
| Je terminais Crime et Châtiment hier soir (lecture au combien plaisante après les échanges tendus que nous avons eu ici) quand ce passage m'a un peu fait penser à la situation actuelle du covid 19, mais aussi à la difficulté (c'est peu dire) que l'on éprouve à s'entendre les uns les autres (à cause d'un virus que l'on ignore va savoir?) - Citation :
Il lui semblait alors voir le monde entier désolé par un fléau terrible et sans précédents, qui, venu du fond de l’Asie, s’était abattu sur l’Europe. Tous devaient périr, sauf un très-petit nombre de privilégiés. Des trichines d’une nouvelle espèce, des êtres microscopiques, s’introduisaient dans le corps des gens. Mais ces êtres étaient des esprits doués d’intelligence et de volonté. Les individus qui en étaient infectés devenaient à l’instant même fous furieux. Toutefois, chose étrange, jamais hommes ne s’étaient crus aussi sages, aussi sûrement en possession de la vérité que ne croyaient l’être ces infortunés. Jamais ils n’avaient eu plus de confiance dans l’infaillibilité de leurs jugements, dans la solidité de leurs conclusions scientifiques et de leurs principes moraux. Des villages, des villes, des peuples entiers étaient atteints de ce mal et perdaient la raison. Tous étaient agités et hors d’état de se comprendre les uns les autres. Chacun croyait posséder seul la vérité et, en considérant ses semblables, se désolait, se frappait la poitrine, pleurait et se tordait les mains. On ne pouvait s’entendre sur le bien et sur le mal, on ne savait qui condamner, qui absoudre. Les gens s’entre-tuaient sous l’impulsion d’une colère absurde. Il y a probablement des livres plus pertinents sur le sujet, des dystopies (et non des utopies comme c'est étrange!) qui se vérifient. Si vous en lisez ou avez lu? Edit: Lecture de La peste, de Camus. Certains passages font echo à la situation actuelle du covid - Citation :
- Dans ces extrémités de la solitude, enfin, personne ne pouvait espérer l'aide du voisin et chacun restait seul avec sa préoccupation.
Si l'un d'entre nous, par hasard, essayait de se confier ou de dire quelque chose de son sentiment, la réponse qu'il recevait, quelle qu'elle fût, le blessait la plupart du temps. Il s'apercevait alors que son interlocuteur et lui ne parlaient pas de la même chose. Lui, en effet, s'exprimait du fond de longues journées de rumination et de souffrances et l'image qu'il voulait communiquer avait cuit longtemps au feu de l'attente et de la passion. L'autre, au contraire, imaginait une émotion conventionnelle, la douleur qu'on vend sur les marchés, une mélancolie de série. Bienveillante ou hostile, la réponse tombait toujours à faux, il fallait y renoncer. Ou du moins, pour ceux à qui le silence était insupportable, et puisque les autres ne pouvaient trouver le vrai langage du cœur, ils se résignaient à adopter la langue des marchés et à parler, eux aussi, sur le mode conventionnel, celui de la simple relation et du fait divers, de la chronique quotidienne en quelque sorte. Là encore, les douleurs les plus vraies prirent l'habitude de se traduire dans les formules banales de la conversation. C'est à ce prix seulement que les prisonniers de la peste pouvaient obtenir la compassion de leur concierge ou l'intérêt de leurs auditeurs.
- Citation :
- Vous pensez pourtant, comme Paneloux, que la peste a sa bienfaisance, qu'elle ouvre les yeux, qu'elle force à penser ! Le docteur secoua la tête avec impatience. - Comme toutes les maladies de ce monde. Mais ce qui est vrai des maux de ce monde est vrai aussi de la peste. Cela peut servir à grandir quelques-uns. Cependant, quand on voit la misère et la douleur qu'elle apporte, il faut être fou, aveugle ou lâche pour se résigner à la peste. - Citation :
- Mais le narrateur est plutôt tenté de croire qu'en donnant trop d'importance aux belles actions, on rend finalement un hommage indirect et puissant au mal.
Car on laisse sup-poser alors que ces belles actions n'ont tant de prix que parce qu'elles sont rares et que la méchanceté et l'indifférence sont des moteurs bien plus fréquents dans les actions des hommes. C'est là une idée que le narrateur ne partage pas. Le mal qui est dans le monde vient pres-que toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée. Les hommes sont plutôt bons que mauvais, et en vérité ce n'est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c'est ce qu'on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer. L'âme du meurtrier est aveugle et il n'y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance pos-sible. |
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Blason Admin
Nombre de messages : 5707 Age : 51 Localisation : GAMBSHEIM - France - GEO Date d'inscription : 03/12/2009
| Sujet: Re: La littérature visionnaire ou echo du présent Dim 19 Avr 2020 - 17:28 | |
| La seule dystopie que j'ai lue, c'est Vaterland de Robert Harris.
J'achète, à de rares exceptions près, mes livres en lot, en vide greniers. Je lis "un peu de tout", SF, polar et histoire essentiellement.
En classique, je savoure Hugo qui reste, pour moi, à deux ou trois échelons de tous les autres. J'ai relu avec plaisir " Le comte de Monte Christo".
Là, je vais le lancer dans "les épicuriens" de la Pleïade, en espérant que ce ne soit pas trop inconfortable à lire ( pour ceux qui connaissent cette collection ). Ensuite, je me refais plaisir en relisant Mytale d'Ayerdahl, mon livre fétiche.
Je ne pense pas lire de livre sur des épidémies, réelles ou imaginées, le sujet ne me passionne pas des masses. _________________ non fui, sum, non ero, non curoLa fromagerie en bas de chez moi elle vendait trois choses : du fromage, des ouiches lorraines et des wedges Ma rotation
Quelques rasages ohé ohéRonsenac - Belley -Caen - Jodoigne -St Pierre le Vieux- Esteville - L'Île Bouchard |
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Chichil
Nombre de messages : 333 Age : 54 Localisation : Simiane-Collongue - GEO Date d'inscription : 07/08/2017
| Sujet: Re: La littérature visionnaire ou echo du présent Dim 19 Avr 2020 - 19:42 | |
| De Dostoïevski, je n'ai lu que "L'Idiot"... ... significatif, non ? |
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Dan279
Nombre de messages : 136 Age : 38 Localisation : Melesse Date d'inscription : 02/02/2020
| Sujet: Re: La littérature visionnaire ou echo du présent Dim 19 Avr 2020 - 20:36 | |
| Pour avoir lu quels que histoires dystopique mon préféré est de loin La Route de Cormac McCarthy. Le tout écrit en prose telle une poem que du bonheur.
Après les goûts et les couleurs. |
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| Sujet: Re: La littérature visionnaire ou echo du présent | |
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