J'ai eu l'occasion de passer quelques jours à Londres avant le confinement et en ai profité pour visiter les hauts lieux du rasage traditionnel, à savoir les barbiers de la capitale anglaise.
En préambule, j'ai également posté ce voyage sur le forum d'en face, et souhaite donc le partager ici, histoire de faire passer plus vite cette période à la maison.
Londres est bien plus synonyme du rasage traditionnel que ne l'est Paris. Tout d'abord la ville outre-Manche bénéficie d'une vraie culture du
sartorial (l'élégance du costume, des habits de gentlemen...) et du
bespoke (le sur-mesure), complétée par le
grooming (soin/coiffage pour hommes) avec notamment le rasage.
Ainsi, il n'est pas rare en se baladant dans la ville, de voir des hommes en costumes bien coupé, de la vingtaine à soixante-dix ans ; d'ailleurs j'ai été étonné de voir, lors d'une pause café, ou plutôt tea time
, un senior (dont j'estime l'âge être à près de 60-65 ans) être un costume 3 pièces et chaussures double monk ! Et il portait cela très bien. Très classe.
Voici donc quelques bonnes adresses ; à noter qu'elle se concentre principalement près de
Picadilly (qui est une rue, une zone et une station de métro) et de
Jermyn Street.
Cliquez ici pour voir la carte en plus grand
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Petit tour donc près de Picadilly.
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La première adresse sur laquelle on peut tomber, se trouvant directement dans cette grande rue qu'est Picadilly Street, c'est
D.R. Harris.
Étrangement, c'est peut être celle que j'attendais le plus, pour être un utilisateur fréquent des produits D.R. Harris (Windsor et Arlington en tête)... et pourtant il s'agit probablement de l'adresse la plus décevante. Une devanture très sobre (on pourrait presque passer devant sans la remarquer tant la rue est animée sur le plan des boutiques) et un intérieur trop clean, trop bien rangé, rien ne dépasse. L'agencement est d'un classicisme tristounet, malgré la présence de blaireaux, de beaucoup de produits et notamment d'une batterie de miroirs pour le visage (bof, bof).
Alors qu'elle est certainement l'une des maisons les plus intéressantes par la qualité de ses produits, c'est celle qui sait le moins bien les mettre en lumière. Dommage, mais... (surprise par la suite)
Quasiment juste en face, à l'entrée d'une galerie qui mène à Jermyn Street, Santa Maria Novella. Petite mais très belle boutique, elle reste néanmoins peu intéressante vis à vis de ce qui existe déjà à Paris (notamment au Bon Marché). Cependant, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est l'occasion d'y faire un tour et de découvrir ses produits pour le rasage.
Passons aux choses sérieuses en parcourant la galerie
Princes Arcade menant à Jermyn Street (avec d'excellentes boutiques ; d'ailleurs l'autre galerie
Burlington Arcade est tout aussi intéressante avec la présence du parfumeur Atkinsons 1799 qui vaut la peine d'être vu -- d'ailleurs ils proposent une crème à raser --, de Penhaligon's -- là aussi avec quelques produits dont la gamme Bayolea -- , Crockett & Jones, Church's...).
On se retrouve très vite devant l'un des 3 "T", peut être le plus important, car le mieux situé :
Taylor of Old Bond Street (que l'on surnomme TOBS).
Alors là c'est le contraire de D.R. Harris : une caverne d'Ali Baba, où tout est achalandé en tas pyramidale etc. Un choix luxuriant bien mis en avant, des produits en promotion, des packages que l'on ne retrouve pas sur leur site, une tonne de blaireaux, les produits pour le corps et shampoings, des tenanciers très gentils, habillés à l'ancienne, avec enfin, au fond de la boutique, un salon de barbier. Si ce n'est les promotions, la gamme de prix est similaire à ce que l'on peut trouver ici.
Un vrai plaisir de visiter cette boutique mettant en exergue une forte vitalité (lorsque j'y étais, il y avait quelques visiteurs également). Seule mini-déception : la devanture est moderne contrairement à d'autres (que nous allons voir) qui ont su préserver une architecture plus classique et précieuse.
En parlant de cela, à quelques encablures de là, dans la même rue, le parfumeur
Floris, qui propose également ses produits de rasage (dont savons). Ici, les prix sont bien plus corsés, mais la visite vaut la peine tant on entre dans l'une des plus vieilles parfumeries d'Europe.
A noter que les boutiques à côté sont pas mal non plus (dont John Lobb, Foster & Son, Crockett & Jones). En définitive une rue très plaisante.
Le deuxième "T" se trouve quelque peu plus loin :
Geo F. Trumper.
Ici, le cadre est fait pour les gentlemen (bien plus que TOBS) avec une devanture de belle facture qui partage son pas de porte avec une entrée menant à des habitations (il me semble). On croirait rentrer dans un cabinet.
L'accueil y est chaleureux et soigné, les tenanciers habillés en costumes trois pièces ; cela fait presque un peu trop huppé. Je n'en ai hélas pas profité pour visiter le salon de barbier (à l'étage du dessus je crois), j'étais pressé par le temps, mais me suis permis de sentir l'une de leur dernière cologne, Havana, un mix entre des odeurs de tabac et des grands classiques de la parfumerie. Agréable cette cologne sans être assez singulier pour être un déclencheur d'achat. Il n'en reste pas moins une très belle boutique dans son jus.
Direction donc le troisième T qui est ... au début de Jermyn Street, dans une autre rue (alors que Geo F. Trumper se trouve plutôt à la fin de Jermyn Street), mince... vite, je n'ai pas trop le temps, donc j'y vais manu militari en faisant presque de la marche athlétique
En y allant, que vois-je ? Une autre boutique D.R. Harris, qui est en fait le siège historique
... l'autre étant simplement un autre point de vente !
Bah mince alors, ou plutôt : mais c'est génial ça !
Du coup, je prends le temps que je n'avais pas. Et là, l'honneur est plus que sauf, la boutique est magnifique, la devanture en marbre, lettres à dorrure... top ! L' intérieur ressemble à la fois à un espace de grooming et de pharmacie, avec moult produits, bien mieux exposés que dans l'autre boutique, une approche ressemblante à celle de Geo F.Trumper et TOBS. Très intéressante, un lieu incontournable au même titre que les deux cités précédemment. D'ailleurs, ils avaient une édition de cologne spéciale pour le 14 février qui était olfactivement, certes assez classique, mais vraiment intéressante (je trouve que la parfumerie de D.R. Harris est un poil mieux que les 3T où les parfums sont un peu trop pour les mâles blancs de plus de 50 ans disons).
Du coup à quelques dizaines de mètres, la dernière étape des grandes maisons anglaises du rasage traditionnel, avec
Truefitt & Hill.
C'est peut être la maison qui a su le plus s'adapter aux temps modernes (par un changement de typographie, de design) tout en conservant son héritage. La devanture reste néanmoins d'un temps lointain & agréable. Le packaging est toujours aussi beau, les parfums des savons toujours aussi classique, c'est dommage dans un certain sens de se recroqueviller sur des senteurs très masculines (musc, marine,...) et ne pas tenter autre chose ; on dirait parfois que ces maisons ne prennent pas le pouls de ce qu'il se passe dans la parfumerie de niche, etc.
Malgré cela, les boiseries, les présentoirs et les accessoires méritent de passer par ici.
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Le lendemain de retour dans le quartier, je m'arrête à
Fortnum & Mason, un des grands magasins anglais (avec Harrod's, Liberty, Selfriedges...) et l'un des plus luxueux, très axé sur l'alimentaire ... et aux étages supérieurs, un étage dédié aux hommes (avec grooming & parfum !
)
Ci-dessus,
Castle & Forbes est très bien représenté avec un ensemblier de parfums et de soins pour le visage et/ou rasage.
Il y avait quelques accessoires luxueux comme ces blaireaux à tête d'animaux (que l'on peut retrouver aussi sur le net, donc pas de réelles surprises si ce n'est de pouvoir les tenir en main et d'observer qu'ils sont relativement lourds, et pour l'un d'eux, la maniabilité me paraît discutable).
Truefitt & Hill, pourtant non loin, tient bonne figure sur les étales boisées de l'étage ; ce qu'il y a parfois de bien dans les grands magasins comme celui-ci, c'est l'espace déjà (contrairement aux petites boutiques où l'on se sent serrés et épiés) et le fait d'être tranquillou pour faire des tests, des photos, etc. Y a même des sièges pour lire le journal !
La dernière marque à s'être installée dans la cours des grands du RT est
Murdock, qui est ici bien représentée avec l'ensemble complet de ses produits.
D'ailleurs, le lendemain, je passerai devant leur boutique, ou devrais-je dire devant leur salon de coiffure/barbier car c'est bien l'activité la plus mise en avant comparé à la vente de produits.
Voilà, voilà pour ce petit tour londonien.
Je devais visiter aussi le musée personnel du plus grand collectionneur européen de coupe-chou (et certainement de DE) dont certaines pièces sont à tomber (comme 2CC de Napoléon à Sainte-Hélène et bien d'autres), mais je n'ai pas eu le temps hélas, ce n'était pas à Londres mais un peu plus loin ; ce n'est que partie remise !
* Il y a 2 photos qui ne sont pas de moi mais que j'utilise pour illustration car je n'ai pas eu le droit d'en prendre (en douce, les miennes étaient floues ; par contre si vous achetez, tout est permis