Petit travail sur un Jacques Lecoultre

Je vous présente une petite restauration peu compliquée pour ce véritable frameback J.Lecoultre au sentier, faite pour un ami du forum.
Le démontage de la lame n'a pas posé de difficulté. L'intérieur de la baguette était rouillé mais a pu être nettoyé facilement.
Les 2 lames (sans fil véritable) se sont affilées aisément, c'est ce que j'aime sur les framebacks, il sont faciles tant au nettoyage qu'à l'entretien.
J'ai consolidé le boitier qui se fendait et avait le haut arraché (travail par l'intérieur du boitier avec des renforts).
Un petit coup de polissage sur la châsse et le voici reparti pour quelques années de service.

Très beau boulot pour cette pièce de qualité.

Bluffant !!! Belle pièce

Ces rasoirs sont des modèles de raffinement dans les finitions... J'aurai un poil plus poli les lames, mais je comprends aussi le fait de les laisser dans leur joli jus après un bon nettoyage.
Bien joué !

Je suis allé jusqu'à 2500 pour le polissage. J'ai trouvé cela suffisant car un poli plus brillant n'aurait pas été raccord avec l'âge du cc. Mais ce n'est que ma vision de la chose.

Pascal a raison de ne pas trop polir la lame...
J'ai la chance d'avoir deux spécimens N.O.S. de ce type, en fait, les lames d'origine sont mates !
Sur les miens, les châsses sont en corne noire.
Du très beau matos !!!

Petite question pascal ou un autre , pourquoi il y a une vis dans certain framback et pas sur d'autres

La réponse dépend du sens de la question.
Mais dans tous les cas la réponse est plus ou moins "pour innover".

Et "pour innover" ça veut dire
- faire avancer l'état de l'art
- mieux satisfaire les clients
- se démarquer de la concurrence

L'idée du frameback dans tous les cas, c'est de répondre de la façon la plus efficace a des problèmes récurrents.
Efficacité dans le coup, dans la praticité, au sacrifice (parfois mais pas toujours) de l'esthétique.

De ce que j'ai pu en lire, l'idée est a porter au crédit des guildes suédoises aux alentours de 1800. J'ai cru comprendre que les suédois avaient une méthode de fabrication de l'acier qui produisait des aciers difficiles à emoudre sous la forme de rasoirs. Ils ont donc eu l'idée de rajouter un dos sur des plaques d'acier. Et si je ne me trompe pas, initialement c'était de façon hyper crue : on insère pas la lame dans le dos, on vient juste fixer deux bouts de métal de chaque côté.

C'est une méthode simple qui est a l'opposé de ce qu'est le "rattler", ce qu'on appelle aussi "faux frameback", qui elle demande un niveau technique extrême.

Les anglais se sont vite posé la question de l'intérêt de cette méthode. Et dans leur foulée, les français aussi.

L'idée d'insérer la lame dans le dos est arrivé très vite. Pourquoi ? Probablement parce que c'était mieux. En tout cas, j'ai vu des "postiches" comme on les appelait en France des 1810.

Les semainiers a lame amovible existent déjà aux alentours de 1815 il me semble.
De la, il n'y a qu'un pas à faire pour se dire "bah tiens, si au lieu de me taper 7 emoutures, je faisais un frameback amovible".
Le premier frameback du genre que j'ai vu doit dater de 1820, par "Charles" si je ne me trompe pas. Il y a un post sur le forum a propos de ce modèle, il me semble breveté. Et si ma mémoire ne me trompe pas c'est un modèle a levier nope, vis
https://coupechouclub.1fr1.net/t22350-je-cherche-une-lame-de-rasoir-charles

Ensuite levier ou vis ? (Ou autre. J'ai un exemple avec un curseur a glisser par exemple)
Probablement un choix de fabrication et d'ingénierie. Chaque type de mécanisme a ses avantages et inconvénients.

Déjà pour commencer, une vis ca paraît anodin mais c'est particulièrement compliqué. La normalisation des pas de vis, c'est un truc recent mine de rien.
Dans tous les cas quoi qu'il arrive, une vis c'est une tige tournée avec une progression mesurée.

J'ai un pote qui est un tourneur émérite (il bosse avec des musées), mais quand il a du faire un vissage en bois, il est quand même allé demander à un MOF.

Donc mine de rien, utiliser une vis, bah c'est simplement un moyen de se la péter.
Par exemple, ce n'est que sur certains rasoirs de très haut luxe qu'on trouve une vis au pivot au 19eme.

Et ensuite il y a probablement une question de fiabilité. Je serais pas étonné que certains mécanismes a levier (ou autre) introduisent avec le temps un "jeu". Et c'est pas un truc qui se corrige facilement. Alors qu'une vis... Il suffit de serrer, tant qu'on met pas en l'air le pas de vis

C'est probablement une des raisons pour lesquelles quand Leresche vend ce même modèle (ou presque) il l'appelle le "serre-fil".

Voilà.
Comme d'hab, ne prenez pas tout ce que je dis pour argent comptant, il y a probablement une ou deux erreurs et quelques grosses approximation, mais c'est à peu près ce que je peux en dire.


Désolé Pascal d'avoir piraté un peu ce post (tu peux demander à un admin de splitter le sujet), et bravo pour un beau boulot respectueux comme d'habitude

Merci pour cette réponse explicite.
Hé les "mecs"! Vous vous rendez compte le chance d'avoir CE forum ??? Tu demandes on te dit

Réponse détaillée et très intéressante, merci Aggelos.
Je ne pensais pas que ce type de cc était si ancien.
J'ai (ou eu) entre les mains des framebacks à vis, la levier supérieur et j'ai la chance d'en posséder un à levier inférieur (sous la soie).
J'ai eu à restaurer plusieurs cc à levier supérieur et quand le levier est coincé bien profondément dans le dos et collé par la crasse, la rouille et l'humidité, c'est une gageure de le lever sans rien péter.
Beaucoup de WD40 pour essayer de liquéfier la crasse, une tige presque microscopique pour dégager la pointe du levier, et un étau pour sortir la lame sans la briser.
Un des travail les plus délicats que j'ai eu à faire, mais le résultat au bout du compte était très satisfaisant.